Lionel Bascoulard

Nous a quitté le jeudi 17 juillet 2014, le visage serein…

Nous lui avons rendu hommage le mardi 22 juillet à travers ces différents témoignages que nous souhaitions pouvoir relire.

Envol des colombes par ses enfants

Envol des colombes par ses enfants

 Jean Bastide, son beau-frère, nous rappelle les temps forts de la vie de Lionel :

Lionel est né le 6 septembre 1943 à Dun-sur-Auron, dans le Cher.
Ses parents étaient passés en zones libres car Maurice, son père était recherché par la Gestapo.
Il est le 2ème enfant d’une famille qui en comptera 6. De sa jeunesse, les étapes sont ensuite Vierzon, Enghien-les-Bains et Montmorency.
Après sa scolarité, Lionel a suivi des études supérieures de philosophie.
Tous les incidents et accidents de la vie, Lionel les a eus :
* grave blessure au genou suite à une imprudence d’enfant,
* séjour en sanatorium en 1958,
* très grave accident de la circulation en 1976, dont à force de
volonté il a réduit considérablement le temps de rééducation.
* Un 1er infarctus avant 50 ans.
* En l’an 2000 nouvel infarctus et cancer du rein : ablation du rein et de
surrénale.
* En 2006 nouveau problème cardiaque et mise en place du 5ème stent
* et récidive du cancer sur le pancréas, le foie et les poumons entre
autres.
* Légionellose en 2012
* et AVC hémorragique en novembre 2013 qui a entraîné l’arrêt des
chimios.
Il a toujours abordé ses maladies, sereinement, souvent  avec dérision, intégrant parfaitement sa vie et la mort qui inéluctablement surviendra.
Lionel s’est marié avec Annie en 1969. Ils ont eu 2 enfants : Sophie en 1970 et Damien en 1974.
Il a fait sa carrière en tant que délégué médical.
En 1973, la famille part en Bretagne où Lionel devient un brillant skippeur
Parallèlement, il étudie la gravure avec Yves Doaré, son maître.
Il fait partie des « Murs Baladeurs » créés par Pol Guézennec, professeur aux beaux-Arts de Quimper, réalisant des expositions itinérantes et parcourant les galeries de peintures parisiennes.
Il construit des cerfs-volants avec l’association « Météoros » de Quimper…
Sa rencontre avec Marie-Annick (Nice) s’est faîte dans le cadre de leur laboratoire pharmaceutique.
Tous 2 artistes, ils avaient beaucoup de points communs et ont seulement regretté de s’être connus si tard, mais l’essentiel, c’est qu’ils se soient trouvés.
Il a fait partie de ceux qui vont au bout de leurs idées mêmes les plus extravagantes.
Jean Bastide.

Les roses accompagnent l'urne

Les roses accompagnent l’urne

 André Appert d’Oscarr nous parle de l’artiste que fut Lionel et Pascale Dieleman conclue au nom d’Oscarr :

Lionel
Difficile de quitter un ami avec qui on s’entend, souvent sans dire un mot.
Artiste graveur, tu as su donner à l’atelier d’OSCARR, un rayonnement régional par ta volonté de transmettre, et la qualité de ton travail.
Adepte des idées nouvelles, tu les moulinais dans ton imagination fertile et inattendue. Surpris toi-même, tu partais dans un rire qu’on ne peut pas oublier. Le résultat se voulait d’une qualité rigoureuse.
Créateur de « l’ OMBROGRAPHE » qui nous permet de rentrer en contact direct avec le public dans la joie et la bonne humeur mais toujours avec le souci d’un art de qualité.
Tu disais souvent : « Il y a toujours un chemin qui mène au cœur de l’homme ». Un thème récurrent chez toi qui montrait ton attachement aux qualités humaines de respect, de solidarité, d’entraide, d’amitié.
Ce chemin que tu as tracé fait qu’OSCARR est connu et respecté au-delà des frontières de Carros.
Il faut espérer que les jeunes sauront agrandir cette voie créée  avec beaucoup de travail et de souffrances.
Je propose que l’atelier de gravure porte ton nom : LIONEL BASCOULARD.
André Appert.

 Daniel Fillod , un des  poètes d’Oscarr, chante  son éloge de Lionel  :

texte 2 D Fillod blog

« Hardi Lionel
Vire au guindeau
Good bye farewell
Good bye farewell
Sur tes terres nuageuses
Tu as fait chanter
les noirs et les gris
en des incisions fortes
où le blanc inonde le papier
Puis la couleur est venue
t’exalter en nos terres
et tu as griffé le temps
de danseurs éblouis…
en une folle passion
Tu as poussé vers l’autre
ces artistes en faim
et l’Oscarr a couronné ta vie.
Dans cet enchevêtrement de toi…
tu as décrypté cette civilisation
nouvelle des « Labyrinthiens »
et bâti en une évidente légalité
une société millénaire
en un passé proche
et un futur ancien…
et de jeter des lettres
aux créateurs en vadrouille
pour illustrer un incunable livre:
Les Mythiques…
magique
histoire de ces nomades
hommes nos frères, hommes libres
à rencontrer sur les rivages
d’André Verdet en sa maison
de papiers gravés
de la médiathèque de Carros
les tempêtes en rafales
t’ont poussé aux Sargasses…
et ton chant a porté la lutte
contre vents et marées
tirant des bouts, tirant la vie.
La grand voile levée
t’a montré l’horizon du sang
et ton coeur a chanté misaine
pour cette souriante victoire
inscrite en ton âme..
éternelle renaissance.

Hardi Lionel
vire au guindeau
good bye farewell
good bye farewell  »            chanté
Daniel Fillod  mardi 22/07/2014  Carros

Martine, soeur de Lionel, puis Marie-Odile et Marie-Françoise, soeurs de Marie-Annick et Jean-Michel son frère,  nous lisent quelques extraits où Lionel s’exprime sur sa maladie avec parfois de l’humour, parfois de la dérision, mais toujours avec une grande sagesse.

Au pied du lit 2014  
Sur son char asthénique, le cocher mâchonne son doliprane.
Le buveu, pisseux est aussi un noctambule avec son pistolet.
L’asthénie est à crob bronchique adepte de la spéléo sous marine vésicale. Le MG lui a envoyé un commando adapté à la bestiole.
Jambes en coton dans des chaussons bretons.
Le Château de l’Asthénie est réputé pour ses pistes de courses de déambulateurs. Je viens de recevoir une invitation.
Avec mon fringant déambulateur, j’ai décidé d’attaquer les moulins à paroles politiques.
A plat , l’infirmière a encore oublié la pompe à vélo pour me regonfler.
La bestiole accrochée à la tête du pancréas a fait monter la glycémie en espérant caraméliser ma tuyauterie.

Fourmi-lion
La maladie est un entonnoir à fourmi-lion.
Entonnoir à grains fins, ronds, ocre, verdâtre, jaune ou roux, selon la maladie.
Le principe est le même.
Une fois tombé dans le traquenard la précipitation vers le haut du piège entraîne des avalanches funestes qui d’efforts en efforts vous mène aux pinces de la mort et de la « dévoration » gloutonne.
Il faut bien que la mort vive.
Alors la médecine essaie de venir à votre secours.
Elle vous lance une corde  lisse enduite d’huile (cela brûle moins les mains) et vous vilipende de vous laisser aller.
Elle vous lance une corde à noeuds et bien heureux, vous restez à mi-pente du désastre. Vous gagnez quelques degrés et restez tétanisé par des bruits de mâchoire, en vous demandant combien de temps vous allez tenir.
Parfois elle vous lance une échelle de corde et si vous êtes pugnace, échelon par échelon vous reverrez la vie en plénitude, pour un temps seulement car les maladies et les usures vont vous précipiter dans d’autres entonnoirs où sans forcer, vous glisserez vers l’oubli.

Conclusion :
Option évangéliste de la dernière pluie.
Le temps gagné, en glissant, tétanisé ou sauvé, est celui de la mort de l’égo qui s’ouvre aux autres si nous avons compris quelque chose de la vie.
Option clown social.
A ceux que le destin a poussé vers la corde à poigne poisseuse, il vous reste à tomber avec élégance en costume du dimanche. Invitez à votre désastre les chauffards, les violents, les escrocs et autres pénitents. Les temps de votre accompagnement seront décomptés du temps carcéral. Avec le nombre de mourants, il y a de quoi désengorger les prisons.
A ceux  que le destin a pendu au fil, il vous faut vous décontracter. Vous avez la possibilité de réaliser un numéro grandiose à offrir aux stressés de la vie. Faîtes rugir le Lion. Invitez les angoissés au bord du précipice, mais pas trop près. Agitez les pieds pour réaliser une somptueuse avalanche. Et sous les bravos, voyez sortir le monstre affamé, frustré de s’être fait berner.
A ceux que le destin a offert une chance de salut, il vous faut inviter les désespérés de pas grand chose à venir vous encourager.
Lionel Bascoulard
Carros juillet 2007.

Extrait des « Rives », correspondance de Lionel avec Marie-Odile, depuis le début du protocole expérimental à Paris en 2012 jusqu’à la fin mai de cette année 2014. : Marie-Odile et Lionel ont inventé des fragments d’histoire à 4 mains. Ils ont donné la parole à des personnages affrontant les cahots de la route, histoire découpée, rapiécée où Lionel avec beaucoup de pudeur, a pu dire un petit bout de ce qu’il vivait, sans en avoir l’air.

28 Octobre 2012 .Institut Gustave Roussy
L’institut Gustave Roussy m’a accueilli avec la banderolle : « Bienvenu au club des cobayes ». C’est ainsi que sous des colliers de fleurs, je fus conduit au SITEP, en clair : Service d’Innovations Thérapeutiques Précoces.
Et oui cela se mérite, car il faut être en bonne santé pour entrer dans un protocole. Pour l’heure la perfusion de AMG 172 ne m’a pas transformé en terrain lunaire. R.V. au 4 décembre pour analyser le scanner. Bises. Lionel
29 octobre 2012
Cher Lionel, bravo pour ta nomination dans ce club très fermé!
Et maintenant , il te reste à leur montrer comment tu entends, toi aussi, traiter les envahisseurs, grâce à l’Auxiliaire Mange Gredins de Gustave Roussy. Bisous affectueux et bon courage pour la suite. Marie-Odile
………..
13 novembre 2012 Auxiliares voraces
Au Supermarché du SITEP s’étalent 50 étiquettes aux prix exorbitants, mais les rayons ne sont pas bien pleins. Dans la case des AGM 172, on ne peut pas choisir comme chez le poissonnier en fonction de la clarté de l’oeil ou de la brillance des écailles. C’est avec son ticket de rationnement marque « AGM 172 stade 3 » que je peux acquérir mes 46,8mg. Il est inutile de lorgner sur le stade 4. Il n’y en a pas dans le magasin. La qualité des produits est sûre, mais le goût est sans garantie. Cure d’Oxyde de Carbone mercredi . bisous
 18 novembre.
Eh oui le don gratuit n’existe pas. Il y a toujours un bénéfice qui se prend quelque part.
Un marché dont on n’est pas dupe. Autant s’en servir
……….
8 décembre Fanfare pour AMG.
Fanfare et majorettes ont accueilli le dernier contingent d’AMG 172. Tout leur est pardonné, même d’avoir ravagé quelques plates bandes de plaquettes.
Le bilan des dernières campagnes a mis en évidence la destruction de 10% des intrus, score jamais obtenu par les mercenaires précédents. Cette guerre des tranchées a pris un tour favorable.
8 décembre.
Formidable!!!
Peut-être qu’en fait, elles adorent Mozard. Tu leur transmettras -et à toi-même- toutes mes félicitations. La première colline est conquise, il y a sans doute encore un bout de route à faire avant que la paix ne soit signée.

Labyrinthien : "Il existe toujours un chemin qui mène au coeur de l'homme" Lionel Bascoulard

Labyrinthien :
« Il y a toujours un chemin qui mène au coeur de l’homme »
Lionel Bascoulard

Texte de Marie-Annick Radigois, sa compagne :

Lionel, tu es « l’homme de ma vie » celui dont j’ai dit : « avant de te rencontrer, j’errais comme une pauvre âme en peine, maintenant c’est le grand bonheur »
Ton départ est une grande perte pour moi, mais pas que pour moi : pour ta famille, et pour la mienne, pour Oscarr que tu as contribué à développer et fait grandir, te donnant sans compter et sans attendre ne serait-ce que la reconnaissance que toi tu as toujours eu envers tes « maîtres », tu citais toujours ceux qui t’ont appris….
« Il y a toujours un chemin qui mène au cœur de l’homme » c’est la devise de tes labyrinthiens, un peuple que tu as créé, mais c’est aussi la tienne.
Tu as toujours été  généreux, Lionel, riche d’idées, de projets à partager…
Tu m’as fait grandir artistiquement et tu as fait grandir bon nombre d’artistes d’Oscarr.
Après chaque épisode douloureux et fort, de ta maladie, d’où tu ressortais vainqueur, tu disais :  « je survis car j’ai encore des choses à faire ».
Oh oui, tu avais encore tout plein de projets, tout plein de chantiers en cours…
Comme « la Tête et les mains » commencé à Quimper avant l’an 2000 et poursuivi à Nice.
Comme « Artoqués » dont j’ai découvert tout le processus dans tes notes, Comme « Les 20 ans d’Oscarr » en 2016 que tu préparais déjà …
Certes je ne pourrai pas les réaliser tous, je ne saurais faire…
Mais je ferai pour toi, 2 de tes œuvres :
1° Les trophées de Ciné Alma : tu as préparé les cires , il me reste à les graver, selon tes photos, et à en faire un moule : ce ne sera plus pièce unique , mais ce sera toujours les trophées de Lionel Bascoulard.
2° «  La chrysalide du vide » , tu y as beaucoup travaillé, tu as préparé toutes les boules de plâtres et acquis le matériel nécessaire, il reste à fondre : Bernard, ton fondeur, le fera avec moi, en tant que « petite main ».
Ainsi, j’aurai pu achever 2 de tes créations. Désolée de ne pouvoir en faire plus…
Mais je vais aussi m’occuper de tes écrits : j’ai découvert des textes sur  le dérisoire de ta maladie, ta lutte contre elle, sur ta façon de la considérer, de lui lancer des défis et sur la façon en quelque sorte de l’exorciser, je vais les regrouper et je ne sais encore comment, les publier… pour que Lionel, tu puisses continuer à vivre dans notre souvenir .
Dans le mien, pas de problème, tu y es gravé, mais je tiens à ce qu’il soit gravé aussi dans celui d’une partie des gens que tu as aidé, et/ou qui ont apprécié ta valeur et partagé ton amitié.
Tu sais Lionel, tu vas beaucoup me manquer, mais dores et déjà, je te remercie pour tout ce que tu m’as donné à moi et à tant d’autres …
Tu pars trop tôt, mais c’était ton heure …
Je t’aime.
Marie-Annick